CHARM EL-CHEIKH (AFP) - L'Egypte a lancé une véritable chasse à l'homme quelques heures après les attentats dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh qui ont fait dans la nuit de vendredi à samedi au moins 88 morts.
Mais alors même que la police menait des raids dans le Sinaï, Sami Gamal Hegazi, un Egyptien de 33 ans, était grièvement blessé dans l'explosion apparemment prématurée d'un engin non identifié qu'il transportait dans un sac dans le quartier de Qerdassa, dans le sud du Caire, proche des Pyramides.
Les attaques de Charm el-Cheikh, les plus meurtrières dans le pays et qui interviennent à six semaines de l'élection présidentielle, ont porté un coup dur au régime de Hosni Moubarak de plus en plus exposé au terrorisme islamiste.
Localisation des attentats meurtriers à Charm el-Cheikh
©AFP/InfographieLa police a annoncé avoir arrêté 95 personnes, 60 dans le nord de la péninsule du Sinaï et 35 à Charm el-Sheikh, sur la mer Rouge.
Parmi les personnes arrêtées figurent des hommes relâchés récemment après avoir été détenus dans le cadre de l'enquête sur les attentats ayant coûté la vie à 34 personnes en octobre 2004 dans une autre station balnéaire du Sinaï, Taba, et ses environs.
Le ministre de l'Intérieur, Habib al-Adly, a affirmé que les enquêteurs avaient des indices établissant un lien éventuel entre toutes ces attaques.
Les attentats ont été revendiqués par un groupe islamiste lié au réseau terroriste Al-Qaïda dans un communiqué dont l'authenticité ne peut être vérifiée.
Le président Moubarak, en visite samedi sur les lieux du drame, a qualifié "d'acte criminel, lâche" l'attaque, estimant qu'elle renforcera sa détermination "à poursuivre la lutte contre le terrorisme et à l'éradiquer".
Les attaques, condamnées unanimement par la communauté internationale, ont été perpétrées quasi simultanément dans trois lieux fréquentés par les touristes: un hôtel, un parking et le souk touristique de la vieille ville.
"Une voiture piégée a forcé l'entrée de l'hôtel et s'est encastrée dans la réception. Un employé a tenté de la stopper. Puis il y a eu une énorme explosion", a raconté à l'AFP un employé de cet établissement de 176 chambres.
Hosni Moubarak le 23 juillet sur les lieux du drame à Charm el-Cheik
©AFP - Khalde DesoukiDes experts légistes continuaient leur travail d'identification des corps des victimes. Selon un bilan provisoire de source hospitalière, 88 personnes ont été tuées et 200 blessés.
Selon diverses sources, y compris diplomatiques, une dizaine d'étrangers ont péri, parmi lesquels des Britanniques, des Italiens, des Turcs, un Ukrainien, un Russe, un Néerlandais, un Tchèque, et un Arabe israélien.
Les touristes étaient nombreux à quitter Charm el-Cheikh. Au total, 46 vols ont quitté la ville samedi avec 6.548 passagers, contre 51 vols arrivés avec seulement 2.941 personnes à bord, selon les chiffres officiels publiés par l'agence de presse égyptienne Mena.
Une atmosphère sinistre planait dimanche sur la ville, désertée par de nombreux touristes et par une large partie du personnel étranger.
"Je n'ai jamais vu autant de personnes éventrées et de blessures affreuses de ma vie. Je ne savais plus qui secourir en premier", a raconté samedi une infirmière de l'hôpital de Charm el-Cheikh.
Départ de touristes le 23 juillet quelques heures après les attentats de Charm el-Cheikh
©AFP - Khaled DesoukiAprès les condamnations internationales de samedi, la presse arabe a rejeté la logique des assaillants dimanche alors le Premier ministre israélien Ariel Sharon a proposé à l'Egypte de coopérer avec Israël dans la lutte contre "le terrorisme islamique et extrémiste".
Devenu en dix ans un fleuron du tourisme égyptien, Charm el-Cheikh accueille régulièrement conférences et sommets internationaux, notamment sur la paix au Proche-Orient.
Dans le même temps, le procès de trois hommes, dont l'un est toujours en fuite, soupçonnés d'implication dans les attaques de Taba (octobre 2004), a repris à Ismaïliya, mais il a tout de suite été ajourné.
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Dim 24 Juil 2005, 17:49