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 LE MONDE/Au Maroc,certains les traitent de "négros&quot

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Nombre de messages : 23
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MessageSujet: LE MONDE/Au Maroc,certains les traitent de "négros&quot   LE MONDE/Au Maroc,certains les traitent de "négros&quot Icon_minitimeSam 10 Sep 2005, 18:45

LE MONDE | 03.09.05 | 13h53 • Mis à jour le 03.09.05 | 14h48

Au Maroc, certains les traitent de "négros" , azi , en arabe dialectal. D'autres, moins nombreux, citent le Coran et parlent des "enfants de la route" (abna essabil ). A Oujda, ville frontalière au nord-est du royaume chérifien, à moins de 15 km de l'Algérie, on n'a guère pitié de ces clandestins subsahariens venus du Mali, du Nigeria, de Guinée ou de Sierra Leone, avec l'espoir ­ de plus en plus souvent déçu ­ d'atteindre l'Europe.
Depuis les accords passés ces derniers temps avec l'UE, la route de l'exil est devenue un cul-de-sac. Et la prison remplace souvent le centre de rétention. "Dès notre arrivée à Oujda, la police nous a arrêtés. On est restés quatre jours enfermés. Sans rien à manger. On buvait l'eau de la douche ­ la seule de toute la prison", raconte Williame Kouame, un Ivoirien de 22 ans. "On était 37 dans une même cellule : 36 hommes, plus Nina" , ajoute-t-il, désignant sa jeune épouse assise sur une couverture sur le sol. Nina Kouame a 20 ans. A Bouaké, elle était coiffeuse.
Quand les rebelles antigouvernementaux prennent la ville à l'automne 2002, Williame et Nina, dont les parents ont été tués, décident de quitter la Côte d'Ivoire avec un copain, Joël Jackson. Joël prétend avoir 18 ans. Il en paraît 16. Son père était gendarme. "On s'est dit qu'une fois au Maroc, ce serait comme d'être en Europe : il n'y aurait plus qu'un pas à faire. On pensait trouver le HCR ou l'Unicef."
En fait d'Europe, les voilà tous coincés au milieu du gué. Sans un dirham en poche. Entre les bandits et la soldatesque rencontrés, les trois amis se sont fait piller jusqu'à leurs derniers biens. "Même ma photocopie du baccalauréat, ils l'ont prise ! On est revenu à zéro, comme des bébés" , s'indigne encore Williame, sanglots dans la voix. C'est la deuxième fois qu'ils se font refouler par la police marocaine jusqu'à la frontière algérienne. La troisième fois qu'ils reviennent à Oujda. Encore ont-ils eu de la chance. Dans cet enfer désertique baptisé "la maison du diable" , un vaste no man's land à cheval sur le Mali et l'Algérie devenu, selon Williame, "un grand cimetière de Noirs" , nombre de migrants sont morts de soif et de faim. Viols, bastonnades, arnaques et racket sont le lot commun des "enfants de la route" .
Williame, Nina et Joël paraissent fatigués, mais à peu près en bonne santé ­ à l'instar de leurs compagnons d'infortune, une centaine de personnes, des hommes surtout et quelques femmes, certaines avec enfant ou nourrisson, échoués là, dans un coin du campus de l'université, avec leurs maigres baluchons posés au milieu des ordures. La veille, les Ivoiriens ont mangé un peu de pain. "Certains commerçants, gentils, font crédit et nous donnent de l'eau." La seule alternative, c'est d'aller mendier au marché ou à la sortie des mosquées. "On ne peut rien faire d'autr e. Le travail, c'est pour les Marocains d'abord" , constate Elimane, un malabar au tee-shirt poussiéreux, qui se dit natif de Guinée. Le terrain de sport que les clandestins ont squatté, entre la cité universitaire et la faculté de sciences juridiques, est écrasé de soleil. Les quelques arbres qui y poussaient ont servi de bois de chauffage. Fin juillet, quelques jours avant que l'université se vide de ses derniers étudiants, les autorités ont ordonné que le mur entourant le terrain des squatters soit surélevé et que toutes les issues ­ sauf une ­ soient bouchées. Les campeurs indésirables ont compris le message. Avant que la police ne vienne les rafler, la plupart sont partis se cacher dans les forêts alentour.
"Les difficultés que pose la traversée du détroit de Gibraltar transforment le Maroc, et, en particulier, les régions du Nord et du Nord-Est ainsi que les provinces sahariennes en escale permanente" , constate l'universitaire Mohamed Khachani, dans Les Marocains d'ailleurs, la question migratoire à l'épreuve du partenariat euro-marocain (édité en 2004 par l'Association marocaine d'études et de recherches sur les migrations). Naguère terre d'émigration et de transit, le Maroc a "tendance à devenir un pays d'immigration" , souligne le chercheur. Le basculement date de 2003 : cette année-là, "pour la première fois" , le nombre des migrants subsahariens interpellés (23 851 personnes) "a dépassé celui des nationaux" (12 400 personnes), explique le professeur Khachani, citant les chiffres du ministère marocain de l'intérieur.
Plus nombreux que par le passé à rêver de gagner l'Europe, les migrants subsahariens sont aussi plus nombreux, désormais, à se retrouver bloqués au sud de la Méditerranée. Certains tentent donc désormais de se fixer en Afrique du Nord. "Sans que l'on puisse connaître avec exactitude le nombre d'irréguliers qui parviennent à traverser la Méditerranée (soit par les côtes marocaines, tunisiennes ou libyennes), ou à passer par l'Atlantique en transitant des côtes sud-marocaines vers les Canaries, il apparaît, selon les chiffres des autorités espagnoles et marocaines, que le nombre des migrants en situation irrégulière arrêtés par les unes et les autres a fléchi en 2004, par rapport à 2003" , rapporte, dans une étude publiée en mars par la Commission européenne, Mehdi Lahlou, professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (Insea) de Rabat.
Ce "net reflux" serait la conséquence de l'"effic acité des systèmes de contrôle" installés des deux côtés de la Méditerranée, indique-t-il. Le nombre de "pateras" (grandes barques à moteur) saisies "s'élève à 740 en 2004 contre 942 en 2003, une baisse de 21 %" , tandis que les disparus seraient "deux fois moins nombreux" . La mise en place progressive, à partir de 2002, le long des côtes espagnoles, îles Canaries incluses, du Système intégré de vigilance extérieure (SIVE) ­ dispositif impressionnant, évalué à 260 millions d'euros, comprenant 25 stations de détection, une douzaine de radars mobiles et quelques dizaines d'unités de patrouilleurs ­ explique, en partie, cette inflexion.
Sous la pression de l'Union européenne (UE), les pays maghrébins, Libye en tête, sont en passe de devenir de véritables souricières pour les Subsahariens. Soucieuse de se doter d'un "cordon sanitaire" anti-immigration, l'UE a eu, dès le début des années 1990, l'idée de créer, au Maghreb, des centres d'accueil pour migrants, rappelle Mehdi Lahlou. A charge, pour ces "Etats-tampons", de trier le bon grain de l'ivraie clandestine et de réadmettre, sur leur sol, les immigrés illégaux renvoyés d'Europe. Ce que fait déjà, avec diligence, la Libye du colonel Khadafi, signataire d'accords en ce sens avec l'Italie de Silvio Berlusconi (Le Monde du 6 juin). Le Maroc n'en est pas là. Mais 5 charters à destination du Nigeria n'en ont pas moins été affrétés, entre novembre 2004 et mars 2005, pour renvoyer vers Lagos quelques centaines d'irréguliers. Une loi "relative à l'entrée et au séjour des étrangers, à l'émigration et l'immigration irrégulières" a été promulguée, en novembre 2003, à Rabat, qui punit sévèrement les contrevenants. En Algérie, il y aurait aujourd'hui, selon l'universitaire algérien Ali Ben Saad, entre 500 000 et 600 000 immigrés en provenance de pays subsahariens. Logique, note le professeur Lahlou, puisque "85 % à 95 % des migrants qui transitent par le Maroc" ou qui s'y trouvent clandestinement "y auraient accédé par la frontière algérienne" .
Certaines villes d'Algérie, comme Tamanrasset ou Maghnia, ont vu leur population augmenter de manière considérable, devenant le carrefour de multiples trafics ­ prostitution comprise. "La région d'Oujda et de Berkane est l'une des plus pauvres du Maroc. Ici, même la miette de miette de travail, les Subsahariens ne l'ont pas" , soupire Jelloul Araj, homme de théâtre et ex-syndicaliste, cofondateur de Mountada Rihab, une association qui milite pour " la culture, la solidarité et le développement" . Il est l'un des rares, avec le père Joseph Lépine, le curé de l'église d'Oujda, à entretenir des rapports réguliers avec les Africains du campus ­ qui ont été jusqu'à 600 à s'y entasser durant ces deux dernières années. Il connaît leurs terribles histoires. Comme celle de cette jeune Nigériane, prise en charge in extremis par une organisation humanitaire en mission à Oujda. "Avant son départ, elle et sa famille avaient passé contrat avec les trafiquants", raconte Jelloul Araj. Les proches avaient réglé une part du voyage. "Elle-même s'était engagée à payer la sienne en se prostituant en Europe. La troisième part, c'est l'enfant qu'elle a mis au monde en chemin qui devait l'apporter : si personne n'était intervenu, il aurait été vendu dans un réseau d'adoption." Abracadabrant ? Pas plus que les combines et escroqueries diverses auxquelles les uns et les autres se livrent.
Rodrigue Sonor, 24 ans, de nationalité gabonaise, est l'un des responsables du Cercle des étudiants africains du sud-Sahara à Oujda (Cetaso). Il raconte comment "les Zaïrois -aujourd'hui Congolais-RDC-, spécialistes des faux papiers" arrivent à obtenir "jusqu'à 150 euros" des Subsahariens clandestins en échange d'un faux passeport et d'un billet de train pour Rabat. Les vrais papiers d'identité se monnaient évidemment plus cher. Les retraits à la Western Union, l'établissement spécialisé dans les transferts de fonds, sont aussi l'objet de racket : le clandestin qui n'a souvent plus de papiers est contraint, s'il veut toucher le pécule envoyé par les siens, de passer par un tiers en règle. Lequel va évidemment prélever son pourcentage...
"Certains étudiants succombent à l'attrait de l'argent" , regrette Rodrigue Sonor. Depuis quatre ans qu'il vit légalement à Oujda, les choses ont bien changé. "Avant, les Marocains nous respectaient. Maintenant, ils nous mettent dans le même panier que les clandestins" , regrette-t-il. Les chauffeurs de taxi eux-mêmes refusent désormais de prendre les clients noirs irréguliers. "Pour monter dans un train ou un bus, il faut avoir maintenant au moins quatre pièces d'identité ­ la carte de séjour, le certificat d'inscription à la fac, etc. Il faut, en plus, faire preuve de beaucoup de patience et de tact" , ajoute, elliptique, le jeune étudiant noir.
A Oujda comme ailleurs, dans l'esprit du Marocain moyen, "l'inquiétude tend à remplacer la tolérance" , note Mehdi Lahlou. Récemment, un groupe d'étudiants maghrébins a tenté, "sans grand succès" , assure Jelloul Araj, d'organiser une manifestation contre les squatters africains du campus, accusés de tous les maux du royaume. Et le président du conseil des oulémas a dénoncé, en public, la présence des migrants subsahariens, présumés parasites et mangeurs du pain marocain.
Jusque dans les milieux associatifs, excepté l'Association des amis et familles des victimes de l'immigration clandestine, créée en 2001, à Khouribga, l'indifférence ou l'ignorance semble la règle. "Lors d'un rassemblement, j'ai entendu la responsable d'une association de protection de l'environnement accuser les Subsahariens d'avoir détruit notre patrimoine écologique et de manger des singes ! Cela m'a mis hors de moi" , témoigne Najib Bachiri, président de l'association Homme et environnement installée à Berkane.
Sans doute les choses s'amélioreront-elles peu à peu. La chaîne de télévision marocaine 2M a diffusé, dès 1998, un premier reportage, en langue arabe, sur les migrants de la forêt de Gourougou, près de Nador, réalisé par Mohamed Khatem. Deux autres documentaires ont suivi, Errances africaines de Reda Benjelloun, en février 2004, et A la vie, à la mort de Salhoua Jaafari, en janvier 2005 ­ tourné dans les îles Canaries avec la garde civile espagnole.
Les Canaries, Moussa le Nigérian y songe. "En partant de Layoune, ça coûte 800 euros" , explique-t-il dans un mauvais anglais. "M ais c'est beaucoup plus long et beaucoup plus dangereux que par Gibralta r." Caché depuis quelques mois dans les environs de Berkane, Moussa finira sans doute par "réessayer Melilla" -l'enclave espagnole, à l'extrême nord du Maroc-, bien que le tarif ­ "1 200 euros" ­ ait beaucoup augmenté. Moussa ignore que face à la surveillance accrue, la plupart des passeurs ne montent plus à bord des pateras. Les clandestins les empruntent à leurs risques et périls. Et le prix de l'embarcation ­ éventuellement perdue ­ est désormais ajouté au tarif de la traversée...
Catherine Simon
Article paru dans l'édition du 04.09.05
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