Deux journalistes marocains de l'hebdomadaire indépendant "Tel Quel" ont été condamnés lundi en première instance à Casablanca à deux mois de prison avec sursis pour "diffamation" à l'encontre d'une députée, a indiqué à l'AFP leur avocat Mohamed Karam. Le directeur de Tel Quel, Ahmed Reda Benchemsi et Karim Boukhari, auteur de l'article incriminé, ont été également condamnés à payer solidairement 2.500 dirhams (255 euros) d'amende et un million de dirhams (90.000 euros) à titre de dédommagement, a ajouté l'avocat. Ils ont décidé de faire appel. Dans un billet satirique intitulé "Secret d'une brune", Karim Boukhari avait retracé dans le numéro 184 de "Tel Quel" l'évolution, selon lui, de la carrière d'une députée, "originaire du Moyen-Atlas", en lui accordant le nom de Asmaa "pour éviter qu'elle ne crie à la diffamation". Karim Boukhari raconte comment cette femme qu'il dit être une "ancienne cheïkha" (danseuse populaire), est devenue parlementaire en adhérant à un parti politique. "Le verdict rendu dans cette affaire constitue vraiment un scandale judiciaire", a assuré l'avocat des deux journalistes, Me Karam, affirmant que c'est la première fois qu'un jugement est rendu si rapidement. "La défense ne va pas se taire", a-t-il ajouté. Contactée par l'AFP, Halima Assali, députée du mouvement populaire (MP, centre-droit) qui a porté plainte, a assuré que "les journalistes devaient s'informer avant de publier". "Je ne lui en veux pas, à l'auteur du billet, c'est un jeune journaliste qui a été manipulé et j'en veux plus aux gens qui lui ont donné de fausses informations", a-t-elle dit. "On ne doit pas, sans s'informer au préalable, publier un chiffon pareil, et ils n'ont pas pris la peine de savoir si je suis mariée, si j'ai des enfants, et en plus, c'est faux ce que le journaliste a écrit", a ajouté Mme Assali. "Je suis surpris"," a déclaré de son côté à l'AFP Karim Boukhari, auteur de l'article incriminé. "On ne nous a pas écouté, on n'a pas écouté notre défense et nous avions été cités à comparaître directement", a-t-il dit. M. Boukhari souligne que son billet était "humoristique" et qu'il n'avait pas nommé la députée qui a porté plainte.