Le projet Galileo
Connu sous le nom de GNSS « Global Navigation Satellite Systems », le système de navigation par satellite, est constitué d’une constellation de satellites, en orbite autour de la Terre, et de récepteurs. Placé au sol, dans un véhicule, avion ou navire, le récepteur reçoit les signaux, envoyés par plusieurs satellites lui permettant de déterminer sa position par rapport au géoïde terrestre.
La qualité de ces signaux est dépendante de l’environnement (bâtiments, végétation, relief, etc.) et de la précision de l’horloge, à la fois du satellite et du récepteur.
Un récepteur, peut être relié à un téléphone cellulaire ou satellitaire ou à un ordinateur devant calculer le trajet à suivre, pour arriver à un point donné. Les champs d’application d’un tel système sont nombreux et divers: transport (routes, rails, aviation, navigation maritime), télécommunications, constructions et travaux publics, agriculture, pêche, environnement, science, protection civile, aide aux personnes handicapées,
Il existe, actuellement, trois systèmes de navigation: GLONASS pour la Russie, GPS « Global Positioning System » pour les Etats – Unis et GALILEO, en cours de réalisation, pour l’Europe.
GLONASS « GLobal Orbitography Navigation Satellite System » est né, durant la guerre froide, en octobre 1982. Ce système n’est pas complètement opérationnel aujourd’hui. Néanmoins, un programme visant sa modernisation est actuellement en cours. Des satellites, plus performants, avec une durée de vie plus longue, seront placés en orbite. Le gouvernement russe prévoit que le système sera entièrement fonctionnel en 2007. Etant sous contrôle militaire, ce système, n’a pas connu d’application civile. En 1973, le Pentagone a lancé, à travers le Département de la Défense, le programme NAVSTAR-GPS « Navigation System Time And Ranging – Global Positioning System », destiné à un usage militaire. Le premier satellite fut lancé en 1978. GPS devient totalement opérationnel, en 1993, avec le lancement de 24 satellites, placés à 20200 kms d’altitude, en orbite circulaire autour de la Terre. GPS comprend, actuellement, 28 satellites appartenant à des générations différentes: 4 du Block II (années 80), 18 du Block IIA (1990-97), 6 du Block IIR, depuis 1997.
Le système ouvre la voie à des applications civiles. Des applications qui, depuis 2000, jouissent du même degré de précision que celles à caractère militaire. Cette ouverture se fait selon une technologie entièrement contrôlée par l’armée US. Contrôle qui pourrait conduire à la dégradation, voire à l’arrêt de certaines applications civiles, suite à d’éventuelles situations conflictuelles.
Le système de navigation par satellite étant un outil incontournable pour le développement de notre société, l’Union Européenne a décidé de se doter, avec la collaboration de « l’Agence Spatiale Européenne » (ESA), d’un système concurrent, connu sous le nom GALILEO. Un système, qui porte le nom d’une figure emblématique de l’histoire des sciences de la Terre, à savoir, « Galileo Galilei ». Un tel projet marque aussi la détermination de l’Europe de conquérir son autonomie, vis-à-vis du GPS américain.
Le premier satellite de ce système fut lancé, avec succès, le 28 décembre 2005 et commença à émettre les premiers signaux depuis son orbite le 12 janvier 2006. Galileo a été conçu pour être plus performant que son homologue américain. La précision de la localisation, en temps réel, sera de l’ordre d’un mètre et le signal sera d’une intégrité inégalée. Ainsi, l’Europe va disposer de son propre système de navigation par satellite, opérationnel et exploitable à l’échelle mondiale et compatible avec le russe GLONASS et l’américain GPS.
Les qualités et les performances du système permettront le développement d’applications nouvelles. Le programme devra être opérationnel en 2010. Il disposera de 30 satellites, dont 3 en réserve, placés sur trois orbites circulaires et à une altitude de 23616 km. Les signaux de Galileo couvriront des latitudes allant jusqu’à 75° nord et sud. Les satellites en orbite seront soutenus par un réseau mondial de stations terrestres. Le 19 Janvier 2006, l’Agence spatiale européenne (ESA) et le consortium « Galileo Industries » ont signé un accord commercial, pour un montant de plus d’ un milliard d’euros, concernant la construction des quatre premiers satellites qui seront mis sur orbite en 2008. Ces quatre satellites suivent 2 satellites « test ». Le premier, a déjà été lancé en décembre dernier, le deuxième devra le suivre au mois d’avril.
Le 21 avril 2005, le Royaume du Maroc a initié des négociations formelles avec l’Union européenne concernant sa participation au programme Galileo. L’accord a été paraphé le 8 novembre à Bruxelles par Heinz Hilbrecht, représentant la Commission Européenne et M. Alem Menouar, Ambassadeur du Maroc auprès de l’Union Européenne.
En marge de la Conférence ministérielle euro- méditerranéenne sur les transports, qui s’est tenue à Marrakech, le 15 décembre 2005, le Maroc a signé une déclaration commune avec l’Union européenne relative à son adhésion aux programmes de navigation par satellite EGNOS et GALILEO, réunis sous le nom de Projet Euromed GNSS « Système de Navigation Global par Satellite ».
Sa participation financière est estimée à une centaine de millions de dirhams.
Le Maroc devient ainsi le premier pays africain et le cinquième pays à participer à ce programme, après les accords conclus avec la Chine, Israël, l’Ukraine et l’Inde. D’autres pays vont suivre. Le Maroc s’inscrit donc comme un acteur important, dans cet enjeu stratégique, initié par l’Europe. Enjeu stratégique mais aussi financier. En effet, l’investissement total du projet atteindra les 3,8 milliards d’euros. Le retour sur l’investissement, prévu pour les 15 prochaines années, est estimé à plus de 16 milliards d’euros.
L’impact sur le marché de l’emploi est énorme avec la création attendue, de plus de 140000 emplois. À cela, vont s’ajouter les éventuelles économies, dans le trafic routier et ferroviaire, dans la navigation aérienne ou maritime. Le marché, des services et produits de navigation, s’élevait à 15 milliards d’euros, l’année 2001, à l’échelle planétaire, dont un tiers en Europe. Il est estimé à plus de 140 milliards d’euros en 2015.
« Le programme Galileo a désormais devant lui une exigence à remplir, celle de réconcilier l’Europe et les citoyens. Je suis certain qu’il sera un puissant instrument de ce nouveau contrat européen dans les années à venir », devait préciser Philippe Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères.
Par Doru Pospaï sur Economia .