Emploi & Carrière
Maîtriser sa prise de parole en public
Il n’existe pas de recette miracle, mais de la préparation. Réussir sa
prise de parole en public nécessite d’abord un travail sur soi.
Ensuite, une bonne préparation de son intervention en s’intéressant aux
attentes du public. Le conférencier est assimilé à un comédien, chacun doit,
à sa manière, intéresser son public…
. Se poser les bonnes questions
Ce n’est pas toujours facile, mais il faut d’abord commencer par un
travail sur soi. Il est important d’abandonner l’idée selon laquelle
réussir une prise de parole en public ne repose que sur des recettes ou des
«trucs» à utiliser. Patrick Barrau, directeur général de Maroc
Devenir explique: «Le niveau de la qualité de la prise de parole est fonction
de la qualité de la relation que vous avez avec votre parole, de l’image
que vous en avez et de la qualité relationnelle que vous avez au plus
profond avec vous-même». Selon cet expert, la réussite de la prise de
parole repose d’abord sur la capacité à créer avec soi-même une qualité
relationnelle qui permettra de créer une relation de qualité avec ses
interlocuteurs. Ce qui amène à se poser plusieurs interrogations:
Qu’est-ce qui nous empêche de développer notre charisme? Quelles sont les
croyances limitantes que nous avons sur nous? Quels sont les regards
négatifs que nous portons sur notre expression?
Les réponses à ces différentes questions permettront de dégager
progressivement le potentiel de charisme qui sommeille plus ou moins en chacun
de nous. Une fois les parasites mis à jour, il est alors possible de
passer aux exercices de prise de parole qui permettent d’expérimenter
les talents cachés.
. Une bonne dose de préparation
La réussite d’une prise de parole en public est conditionnée par sa
préparation. «C’est 95% de sa réussite», affirme Eric Cuvelier, consultant
à Consulteam. Il compare un manager qui s’apprête à prendre la parole
en public à un comédien. «S’il a envie de réussir son entrée en scène,
un comédien a beaucoup de choses à faire: croire en ce qu’il dit,
donner le meilleur de lui-même et séduire son public». Ce qui suppose aussi
que le manager doit se préparer sérieusement à sa présentation en
répondant à quelques interrogations: Quel est l’objectif de ma présentation?
Elle s’adresse à quel public et quelles sont ses attentes?
Eric Cuvelier soutient qu’il faut avoir une aisance avec son texte et
que les slides doivent constituer un support et non de l’information
qu’il suffit de lire. A la conception des slides certaines règles doivent
être respectées, telles que la dimension. A priori pas plus de 35 à 40
mots sur une diapositive et ne pas descendre sous le corps 20 en
caractères. Le spectateur lui ne retient que 7% de ce qui est dit et retient
beaucoup plus de ce qu’il voit.
. Comment contourner son trac
Le trac ne s’évite pas, il s’apprivoise. Patrick Barrau cite l’exemple
de Sarah Benhardt, grande actrice de théâtre du début du 20e siècle
qui, face à une jeune actrice qui s’exclamait qu’elle n’avait pas eu le
trac au cours de la représentation, lui avait répondu: «Attendez d’avoir
du talent pour connaître le trac!». Même chez les grands «talents», le
trac est toujours présent. Mais il faut éviter qu’il ne se transforme
en un stress paralysant. Pour cela, les experts conseillent de se
préparer. «Ça ne sert à rien de se suicider en public; il faut se préparer»,
affirme Eric Cuvelier. Ce qui passe par de nombreuses interrogations:
Que puis-je apporter à mes interlocuteurs? Comment les intéresser et
répondre à leurs attentes?
Patrick Barrau explique que ces questions sont de nature à nous
détourner de notre personne et de l’image que nous souhaitons donner, pour
nous orienter vers une attitude plus altruiste au cours de la prise de
parole. «C’est parce que je serai beaucoup plus à propos de mon auditoire
et des bénéfices à lui apporter que je pourrai me libérer dans ma prise
de parole». Moins préoccupé par sa petite personne et par l’image
qu’il veut donner, le manager sera dans la capacité d’être plus en relation
avec ses auditeurs. Sa prise de parole s’en trouvera améliorée et donc
plus performante.
Le trac peut aussi s’apparenter à un trop plein d’énergie. Dans ce cas,
il est recommandé d’effectuer des mouvements physiques pour se
libérer et de visualiser par avance la scène avec tous les signaux de
sympathie et de réussite que vous pouvez imaginer.
. Comment intéresser son auditoire
Intéresser le public c’est avant tout s’intéresser à lui! Les experts
s’accordent sur la nécessité de connaître ses attentes, ses
particularités socioprofessionnelles et culturelles. Ce n’est pas de tactiques dont
il s’agit, mais bien plus d’une attitude tournée et ouverte vis-à-vis
de son auditoire, précise le directeur général de Maroc Devenir. Si
l’orateur se met dans cet état d’esprit, il est certain qu’il saura
trouver les propos qui susciteront intérêt et participation. Que recherche
un public lorsqu’il vient écouter un orateur? Être touché, rire,
partager un moment d’humanité, s’enrichir de nouvelles idées. En un mot:
vivre un instant émotionnel et intellectuel qui lui fera dire qu’il n’a pas
perdu son temps. Savoir utiliser l’humour, savoir parler de soi,
savoir partager des expériences vécues, savoir exprimer des concepts au
travers de métaphores, savoir regarder son auditoire, sourire et créer une
relation, sont autant de façon d’être qui retiennent l’attention d!
u public. Pour Patrick Barrau, «l’abandon de ce que nous croyons être
nous ouvre la possibilité d’exprimer dans nos prises de parole tout
notre potentiel et de partager avec les autres notre vraie nature». Le
public ne s’y trompe pas et sait repérer ce type d’abandon qui peut se lire
aussi comme un vrai don de soi.
. A éviter absolument!
Avant de monter sur scène, il faut éviter les neuroleptiques ou les
excitants. Eviter absolument de tourner le dos à la salle. Les experts
mettent également en garde contre les gestes parasites et répétitifs qui
peuvent se transformer en tics verbaux et comportementaux. Par exemple,
si vous mettez votre main dans votre poche tranquillement et que vous
la retirez tout aussi tranquillement quelques instants après, c’est un
geste qui apparaîtra comme un signe naturel. Si par contre, cette main
reste systématiquement dans la poche comme dans un refuge, elle donnera
le signe à l’auditoire d’un malaise plus ou moins conscient qui mettra
le public subtilement dans le même état. Il en est de même pour les
mots parasites répétitifs qui donneront envie à certains auditeurs de
comptabiliser le nombre de fois que ces mots sont exprimés… Le public est
très à l’écoute de tous les signaux subtils qui lui sont adressés par
l’orateur, prévient Patrick Barrau. Au travers de ces signaux verbau!
x et comportementaux, il ressent si l’intervenant est là pour lui-même,
pour son image, ou si l’orateur est là pour lui être utile. Le public
renvoie des réponses à ce qu’il ressent. S’il perçoit le don de soi, il
se donnera et sera d’une certaine manière en communion avec l’orateur.
En revanche, s’il perçoit dans les attitudes de l’orateur une tendance
à être à propos de lui-même, quand bien même son intervention est bien
préparée et sa communication techniquement bonne, le public sera sur
la défensive et la relation en sera limitée. «Il manquera ce quelque
chose qui fait vibrer un public avec l’orateur, une alchimie qui se
transforme en énergie positive et que l’on peut nommer partage émotionnel
d’un instant de vérité», conclut Barrau.
Pour aller loin
Thierry Destrez: Demain, je parle en public: Etre à l’aise et réussir à
l’oral. présentations, réunions, assemblées, débats. Dunod
Collection Communiquer.
Qui n’a pas été glacé jusqu’à la moelle à l’idée de devoir prendre la
parole en public? Sachez qu’il existe des techniques d’expression orale
et corporelle, de persuasion et de maîtrise de soi qui permettent
d’apprendre et de s’améliorer visiblement. Cet ouvrage explique clairement
les mécanismes de base sur lesquels construire une intervention réussie.
Il vous aide à structurer vos interventions, prendre confiance en vous
et vous préparer tant physiquement que mentalement: vous saurez ainsi
maîtriser votre voix, vos gestes, vos émotions et… vos idées.[/b][/size]
Khadija MASMOUDI-- --- JOURNAL L'ECONOMISTE ---